Les forêts de Yokai s'étendaient au loin. Des endroits intéressants se discernaient à certains endroits de la forêt comme une cascade par là, un lac chauffé par des sources chaudes naturelles enfoncées profondément sous la terre... Tant de trouvailles à faire quand on se balade librement à travers les bois de la dimension merveille. Peu d'élèves osent s'y aventurer suite aux rumeurs de monstres qui y vivraient mais personne ne m'avait jamais parlé de cette histoire. Alors je prenais du plaisir à visiter les nombreux lieux passionnants de ce monde fabuleux, j'avais même croisé parfois des animaux inconnus à ma connaissance. Il existait de nombreux arbres étonnants dans ces bois et la même chose pour les champignons. Certains étaient même géants et semblaient attendre qu'un animal passe à côté d'eux pour le gober.

C'est un peu pour cette raison que j'avais pris l'habitude d'éviter les choses un peu trop grosses à mon goût qui se dévoilaient dans la forêt. Je n'avais pas envie de finir décédé à cause d'un arbre géant qui serait fiant d'étudiants innocents et naïfs qui se la jouent Indiana Jones. Des adolescents un peu trop curieux qui finiront disparus dans ces bois sans que personne ne sache jamais ce qui leur est arrivé. À part peut-être une personne avec un don de voyance extrêmement développé pour l'étendre sur des kilomètres à la ronde. Cela devrait être possible à trouver dans un endroit aussi fou et étrange que merveille. C'est dans toutes mes heures de recherche que j"étais tombé sur des sources chaudes naturelles. Une magnifique petite rivière qui coulait dans un espace limité et qui permettait de se détendre. Toute cette relaxation détendait mes muscles et me permettait de réfléchir sans penser aux cours.

C'est aujourd'hui que je comptais aller un peu m'y baigner pour la seconde fois. Je faisais toujours attention à ce que personne ne me suive dans le but que ce lieu reste secret et qu'il ne soit pas pollué par les allées et venues de tous les élèves de l'école. De ne pas salir cette nature parfaite et figée dans le temps bien que beaucoup ne se lanceraient pas à ma poursuite. Rares sont ceux qui osent se balader librement dans les lieux inexplorés de merveille. Je suivais un sentier bien guidé par mes propres soins. J'avais laissé certains éléments facilement visibles sur le chemin afin de pouvoir retrouver ma route à chaque fois que je m'aventurais. Un tronc de bois par là, quelques pierres formant un signe bien distinct et la position d'un court d'eau vers l'ouest. Pleins de petites précisions qui me guidaient.

Je portais un sac en bandoulière au niveau de ma côte droite qui comportait un peignoir et deux serviettes afin de bien me sécher après m'être relaxé. Je n'aurais pas apprécié d'avoir ma peau mouillée contre mes vêtements, je détestais cette sensation de frottement malsaine et elle m’insupportai au plus haut point. Mais le bonheur de penser que j'allais pouvoir me baigner une nouvelle fois là-bas suffisait à me faire oublier tous mes autres petits soucis. Vingt minutes plus tard je me prélassais enfin dans cette eau délicieuse et relaxante qui envahissait mon corps comme un doux rêve. Et je ne me doutais pas d'une créature sauvage et dangereuse s'avançait dans les bois en ma direction.

Cet endroit de la forêt avait la particularité de se montrer relaxant et reposant. D'autant plus que vous étiez libre de faire tout ce que vous souhaitiez puisque personne ne s'y aventurait jamais sauf pour des défis idiots et stupides. En tout cas, je n'avais encore jamais vu personne venir ici. Tout mon corps entier était concentré sur la relaxation et la chaleur de l'eau. Mes cheveux hydratés pendaient longuement sur le long de mon visage et semblaient in-vivants. Je ressentais deux odeurs bien différentes tout autour de moi bien que je n'arrivais pas vraiment à les discerner. Je commençais à paniquer suite à la présence certaines d'autres élèves dans la zone. Je n'avais aucun lieu pour me cacher s'ils me tombaient dessus soudainement et me verraient nu. Cela serait si humiliant...

C'est dans cet élan de remise en question que je me relevais vivement. Je me propulsa d'un puissant saut presque automatique en dehors des sources chaudes pour finalement attérir avec agilité sur les feuilles séchées et brûlées par la chaleur de l'été. Heureusement que j'avais pris des serviettes pour m'essuyer mais dans ce moment-là elles me servaient plus à cacher mon corps. Une fois la serviette bien serrée et enroulée le long de mes côtes, je pouvais étudier les alentours à l'aide de mon regard bestial et animal. Je fis le vide dans mon esprit afin de donner un instinct animal à mon regard et ainsi lui donner une portée presque infinie. J'arrivais enfin à discerner les deux présences. Une jeune femme qui se baladait et... un étrange monstre cuirassé avec une cuirasse noire à même le corps.

Les légendes sur cette partie de la forêt étaient donc vraies. Cependant je ne pouvais rien faire à part fuir contre cette créature, je ne contrôlais pas mes pouvoirs sur la foudre et je ne ferais que mourir inutilement comme un vulgaire morceau de branche écrasé par ce mastodonte. Deux issues. Se cacher ou grimper à un arbre. Ce bestiau devrait être semblable à un sanglier, non ? C'est dans cette optique que je tournai sur moi-même afin de trouver l'arbre le plus apte à être grimper. Je n'avais pas beaucoup de temps. Pas du tout. J'eus à peine le temps de montrer sur un tronc d'arbre qu'une immense masse noire vint frapper l'arbre en le reversant en arrière comme s'il s'agissait d'un morceau de papier. Je fus propulsé le long du sol avant de finir cogné au tronc d'un arbre.

Je ressentais une douleur intense m'irradier le corps et je n'avais plus qu'à attendre ma mort proche. Je désespérais de plus en plus, d'autant que ma serviette était quasiment en lambeaux et qu'il restait qu'assez de tissu pour cacher mes parties intimes. Mais quand vous êtes sur le point de mourir, vous ne vous inquiétez pas pour ça. Vous vous inquiétez de votre survie.

« À L'AIIIIIIIIDE ! »

Dis-je en hurlant du plus fort de mes poumons. J'avais bien vu une jeune femme proche de moi et elle devait bien contrôler ses capacités. Elle était ma seule chance de survie.

De puissantes étincelles surgissaient tout autour de mon corps sous l'effet de la peur que je ressentais suite à la présence de cette immense créature qui était à ma traque. Elle avait un odorat surnaturel et ne tarderait pas à me trouver puis à me réduire en pièces. Je ne pensais pas que de telles créatures vivaient dans la forêt magique et enchantée de Merveille. Enfin c'était peut-être possible mais à mes yeux elles étaient pacifiques et aimantes et pas de gigantesques monstres assoiffés de sang. J'avais dû me tromper sur leur compte. Bien que de petites étincelles gisaient tout autour de moi, ce n'était pas cela qui allait arrêter la charge d'un monstre de plusieurs centaines de kilos de frappe et de poids. J'allais simplement mourir ici et personne n'allait jamais retrouver mon corps. Quelle mort déshonorante...

J'entendais chacun des puissants pas de la bête alors que cette peur augmentait au creux de mon ventre, me provoquant de forts tremblements représentants mon stress. Une grande transpiration s'étendait au niveau de mon front alors que de grandes gouttes coulaient en humidifiant mon visage d'une odeur désagréable. Plongé dans mon désespoir j'entendais soudainement une voix féminine et féline retentir dans mon esprit. Devenais-je fou ? Dans tous les cas, cela l'était sûrement. La voix était pourtant si réelle et présente dans mon esprit que je croyais entendre une pensionnaire avec un don de télépathie. Je fermais doucement mes paupières en évoquant mes pensées à la jeune fille. Mon esprit était pour une fois ouvert car je le souhaitais.

"Hééééé ! ... Tout ce que tu... veux pour me sauver. Je te donnes même mon corps si tu le souhaites mais éloignes-moi de cette bête horrible !"

J'entendais la bête se rapprocher de moi de plus en plus alors que les étincelles redoublaient d'intensité tout autour de moi. Elle serait bientôt à ma portée et je serais mort écrasé contre un arbre sans avoir été capable de me défendre. Ma vie s'arrêterait ici et je n'aurais aucun futur. Ni aucune renommée.